OSTHEOPATHIE ET HYPERTENSION ARTERIELLE
La tension artérielle, c’est deux chiffres qui en disent long sur la santé de l’individu. Plus exactement, derrière ces paramètres se cachent l’état du cœur et ses vaisseaux, du rein et sa surrénale. On y voit aussi le bon fonctionnement du système nerveux central et végétatif et en prime, la situation humorale. La tension artérielle doit être relativement stable, même si elle peut varier en fonction de l’âge du sexe et de l’activité, pour assurer une bonne perfusion de tous les tissus. Elle fait partie des grandes constantes physiologiques au même titre que l’équilibre acido-basique, la température, la glycémie etc. Toute la difficulté est de la maintenir dans des normes acceptables pour assurer les grandes fonctions, cette régulation est un mécanisme complexe qui fait intervenir plusieurs systèmes que l’on peut examiner à la lumière de la médecine ostéopathique.
Hormis les situations d’urgence (hémorragie, infarctus …) où la pression artérielle peut chuter; ce qui domine en la matière est l’hypertension artérielle (HTA) et selon l’OMS, on parle de tension élevée quand la pression systolique est supérieure à 150mn /hg et la pression diastolique supérieure à 90mn/hg. Les conséquences de l’HTA sont redoutables à long terme et posent un véritable problème de santé publique. Dans la grande majorité des cas, on ne retrouve pas de cause à cette HTA on parle alors d’hypertension essentielle. Ce trouble portant sur la régulation de la pression artérielle est différent d’une hypertension secondaire que l’on éliminera facilement avec des examens médicaux : cardiaque, examens sanguins, NFS, glycémie, dosage des hormones thyroïdiennes, dosage du cholestérol et de la créatinine, examen d’urine et s’il y a un doute, échographie du rein et écho-doppler des artères rénales. Ensuite, pour affirmer un caractère permanent d’HTA, plusieurs prises de tension seront effectuées à des moments différents et mieux un enregistrement sur 24H des pressions artérielles : mesure ambulatoire de pression artérielle (MAPA).
Même si les causes restent méconnues, on sait que certains facteurs favorisent l’HTA, ils sont liés à l’individu (âge, sexe, obésité, hérédité), à l’environnement (travail, bruit, stress), au comportement alimentaire (sel, café, alcool). Il en découle des conseils élémentaires d’hygiène de vie : manger moins salé, un régime anti-athérosclérose, faire un sport d’endurance, arrêt du tabac car celui-ci en libérant de l’adrénaline stimule le sympathique et contracte les vaisseaux et à un autre niveau accélère l’athérosclérose. La gestion du stress par des techniques de relaxation est un élément essentiel. Dans une situation ou un être humain se sent acculé, son système sympathique va tout faire pour l’aider à fuir : accélération du rythme cardiaque, augmentation de la tension artérielle et sécrétion de corticoïdes endogènes, bref parfait pour faire un cent mètres mais pas pour rester assis.
Le traitement médical de l’ HTA essentielle se devra d’être le moins contraignant possible, mono prise, en évitant les effets secondaires. Les antihypertenseurs vont des diurétiques aux anticalciques en passant par les betas bloquants et inhibiteurs de l’enzyme de conversion qui empêchera l’angiotensine (vaso-constricteur) d’être actif. Ces médicaments vont agir en diminuant le volume sanguin pour le premier, en relâchant la tension sur les artères pour le second, et en diminuant la fréquence cardiaque pour le troisième.
Le traitement ostéopathique suivra le même chemin : relancer la fonction rénale pour augmenter la diurèse, lever les tensions qui peuvent entraver l’écoulement sanguin et réguler la fréquence cardiaque en équilibrant le système neuro-végétatif. La différence est que l’on pourra et que l’on devra associer les trois pour plus d’efficacité et sans aucun danger pour le patient. A. Still, le père de l’ostéopathie l’avait déjà énoncé à sa façon : « le sang doit aller et venir sans interférence, le rôle de l’ostéopathe est de déterminer si le débit de sang dans les artères n’est pas entravé. »
La pression artérielle est fonction de la fréquence cardiaque, du volume expulsé systolique et de la résistance des vaisseaux ce qui peut être mis en équation : PA =FC x VES x R
La fréquence cardiaque est sous la dépendance du système nerveux végétatif (SNV), l’orthosympathique cervical et thoracique et le parasympathique agissent en permanence pour réguler le rythme cardiaque, le parasympathique (le nerf pneumogastrique, la dixième paire crânienne (X) ralentit la fréquence cardiaque quand le sympathique l’accélère. Il est important de noter que la stimulation des deux ralentit le rythme cardiaque. Toutes dysfonctions ostéopathiques de la région cranio cervicale et thoracique haute va perturber le tonus neuro-végétatif. En particulier les lésions vertébrales métamériques, de T1 àT4 qui vont irriter les nerfs cardio-accélérateurs, les dysfonctions de C0 à C3 qui vont retentir sur le tonus du nerf vague. Les lésions crâniennes de la synchondrose sphénobasilaire qui vont affecter les centres de commande supérieure : l’hypothalamus qui va influencer la tension artérielle par son action neuroendocrine. Les techniques de corrections vertébrales structurelles seront plus efficaces pour leurs actions réflexes sur le métamère, la technique de compression du IVème ventricule aura un impact sur le système neuroendocrinien et sur la Xème paire crânienne. En résumé, pour traiter l’HTA, il faut traiter le parasympathique crânien et le sympathique cervical et thoracique.
Le Volume d’Ejection Systolique est fonction de la volémie dont l’organe de contrôle est le rein, quand le volume sanguin augmente, la tension artérielle s’élève car le débit cardiaque s’accroît. Cet équilibre entre apport et perte liquidienne est assurée par la fonction endocrine (rénine) et exocrine du rein. Celui-ci filtre le sang dans l’organisme pour l’épurer, la réabsorption tubulaire de NA+ et d’eau, permettra de maintenir un volume sanguin stable et aura une action hypotensive. Une grande partie de l’H2O est absorbé d’une façon obligatoire et l’autre partie de façon facultative sous contrôle de l’ADH (hormone antidiurétique) et du système rénine angiotensine aldostérone (S RAA). Quand le rein subit une baisse de pression, le système RAA fait augmenter la tension artérielle en provoquant une vasoconstriction et en gardant le NA+ pour assurer une bonne perfusion du rein. Lors d’une suite lésionnelle viscérale avec une ptose du rein, la tension que subit l’artère rénale en diminuant son débit peut provoquer le même effet (augmentation de la tension artérielle). Les artères rénales sont en contact avec les piliers fibreux du diaphragme, et le muscle psoas ; d’où l’importance de ces deux muscles pour la fonction rénale. La ptose rénale sera traitée par des manœuvres directes, indirectes ou combinées, ne pas oublier de traiter les vertèbres de T6 à L2 et pour finir l’induction qui est à la fois une correction et une écoute (Barral).
La tension artérielle est aussi fonction de la Résistance des artères au passage du sang, cette difficulté à l’écoulement du sang dans les parois vasculaires du réseau artériel est plutôt due à l’augmentation de la viscosité du sang ou au rétrécissement de celle-ci. Au niveau artériolaire, c’est la contraction des fibres lisses de la paroi des artérioles (vasomotricité) qui s’adaptera en fonction de la demande nutritionnelle locale. C’est pourquoi diminuer la résistance des artères implique le traitement du diaphragme thoracique supérieur, respiratoire et pelvien. C’est l’assurance d’une bonne hémodynamique sur le tronc artériel carotidien, sur l’aorte abdominale ainsi que sur les artères iliaques.
Le contrôle de la pression artérielle est essentiel à l’homéostasie, ce mécanisme complexe met en jeu les grands systèmes : circulatoires, nerveux et organiques. L’ostéopathie, par son action équilibrante sur ces différentes structures, contribue à la stabilité de la pression artérielle, ce que confirme autant les études réalisées1 que mon expérience personnelle.
1 :étude de Perez Martinez et Ricard sur la technique du IV ventricule et HTA.