Du bon usage de l’ostéopathie

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C’est un titre un peu désuet mais il veut signifier qu’il existe un « bon usage » c’est-à-dire une pratique capable de soulager un patient assez durablement sans effets secondaires. Pour que cela soit possible, il faut la conjonction de plusieurs facteurs, que je vous propose de nommer. Au début –et bien sur dans l’idéal !- il faut un « bon patient » coopératif et confiant parce qu’éclairé sur ce qu’est l’ostéopathie et n’a pas trop subi les effets désastreux des mythologies ridicules qui circulent dans certains milieux sur le sens de l’ostéopathie ! La méconnaissance des bases de notre discipline dans l’esprit des personnes que nous soignons laisse flotter un parfum d’ésotérisme, et l’idée toute aussi nuisible qu’elle échapperait aux règles classiques de la rationalité.  La médecine allopathique évite ce piège en administrant des médicaments, remèdes » scientifiques » et considérés comme s’opposant au « surnaturel » supposer s’incarner dans le pouvoir des mains, pourtant avéré depuis la nuit des temps dans de nombreuses civilisations . Demande-t-on à un médecin de se transformer en une sorte de chaman capable de prendre tout en charge du passé, du présent, et de l’avenir de son patient ? Une fois que ce dernier est identifié et reconnu. Notre devoir de praticien est d’informé le patient sur les indications et limites de notre pratique, une façon de couper court à quelques théories « new age » énoncées précédemment. Après, la première étape est de l ‘écouter nous parler simplement de sa douleur et de la gêne qui en découle. Peut-être faudrait- il parler d’écoute active orientée vers l’indispensable recherche de la lésion initiale –et il semble en effet que c’est grâce à ces questions simples : »Quels mouvements ? Quelles positions ?… » que l’on pourra reconstituer l’histoire du mouvement qui a provoqué l’incident et circonscrire ainsi la région à traiter en premier. Ensuite, il faut un « bon » praticien, bien formé, avec des connaissances solides. Cela mérite une explication: au début des années quatre vingt, les études de kinésithérapie étaient un préalable indispensable à l’étude de l’ostéopathie, pour les acquis médicaux et le contact avec les malades, dont il n’est évidemment pas question de remettre en cause l’utilité. Toutefois une frustration est apparue, de ne pouvoir soulager les patients de façon satisfaisante de leurs maux de dos .Cette impuissance se transformait en une soif d’apprendre inégalable, et en un respect presque religieux pour des techniques de manipulation dont l’enseignement nous étaient dispensé en parallèle de notre exercice de kinésithérapeute. Il faut reconnaître que l’apprentissage de cette médecine manuelle a évolué et c’est tant mieux. Ouvert à un plus large public elle va forcément s’enrichir d’une diversité d’origine de ses étudiants, se désacraliser et gagner en rigueur scientifique. Pourquoi ne pas penser que l’étudiant d’aujourd’hui sera plus exigeant sur les techniques manuelles et n’utilisera que les plus efficaces, débarrassé de l’aura un peu magique qui enveloppait l’ostéopathie à ses débuts. En effet nous avons conservé longtemps des pratiques qui n’étaient pas toujours très rigoureuses sur le plan bio-mécanique sous prétexte quelles étaient compatibles avec le mythe du « tout sentir et tout faire bouger ». Or ce sont des connaissances anatomiques solides, alliées à une science de la manipulation maitrisée, qui constituent le socle d’une pratique efficiente. A ce stade de la réflexion, il n’est sans doute pas inutile de redéfinir clairement les buts et principes de l’ostéopathie .Un patient qu’il soit adulte ou enfant porte en son sein les traces de son dysfonctionnement. L’ostéopathe les recherchera avec ses mains plus précisément avec ses doigts, l’outil principal du praticien, travaillera à trouver ce qui est invisible, caché, dissimulé sous la peau. Les différents tissus conjonctifs témoigneront de quelques choses d’anormal mais rien comme la vertèbre avec ses reliefs palpables objectifs. C’est là que s’arrêteront les doigts pour trouver la lésion, le petit moins de mobilité qui va tout détraquer, se répandre à travers l’unité vertébrale comme un virus informatique, perturbant les informations captées et renvoyées. La vertèbre, les muscles profonds, le nerf vertébral et le système neuro-végétatif, les artères et les veines composent une unité fonctionnelle. L’harmonie entre ces différents éléments peut être contrariée par une lésion vertébrale. La face palpable correspond à la restriction de mobilité, la face cachée est beaucoup plus redoutable, désaccordant tout le système d’échange des flux sanguins et nerveux et leurs résultantes énergétiques. Imaginons une partie du corps (l’unité vertébrale) ne répondant plus aux ordres du mouvement et ne transmettant plus de renseignement. Devant ce silence insupportable pour le système nerveux central, chef d’orchestre orphelin qui s’agite, la situation empire, et il en résulte un emballement peu propice à la détente- c’est en fait exactement le contraire qui se produit puisque le muscle se contracte un peu plus et bloque le mouvement. C’est le mouvement mal effectué le responsable de la lésion, ce sera un mouvement lui, bien pensé qui retournera la situation, le principe de la correction ostéopathique est de se servir de cette position anormale, vertèbres « bloquée » dans une position, tissus conjonctif figé pour restaurer la mobilité. En effet la tension accumulée autour de la zone lésionnelle va servir de ressort à la dynamique de correction quelle quel soit- (structurelle avec ou sans trust, fonctionnelle.) la dysfonction ostéopathique n’est que l’exagération d’un mouvement banal, la frontière entre les deux positions saine et « pathologique » est très mince, la gêne occasionnée est maximale, on se retrouve devant un patient qui peut souffrir beaucoup, décrivant des symptômes d’une variété inouïe de quoi perdre son enthousiasme tant la tache peut paraitre difficile. La méthode diagnostic de l’ostéopathie peut y remédier car elle est globale, ne s’attachant pas seulement aux premiers signes cliniques bien souvent trompeurs. Rechercher la lésion, origine du dysfonctionnement, connaitre la fonction de la région à traiter, confronter les deux pour s’assurer que l’un perturbe bien l’autre, procédé efficace pour établir un début de diagnostic.- Bien sur on aura éliminé toute autre cause, par un interrogatoire approfondi et une observation minutieuse du patient -. Le traitement devra restaurer la mobilité perdue, les méthodes sont nombreuses et elles ont en commun une parfaite adaptation à la mécanique lésionnelle pour » coller » au plus prés à la réalité d’une vertèbre ou de n’importe quels autres tissus se fixant dans une position très proche de la normale. Toute la difficulté de cette médecine manuelle est là dans ces quelques millimètres qu’il faut identifier avec la main-« organe des organes »- pour l’ostéopathe. En grec organum veut dire instrument, une main « éduqué » sait se servir d’un outil pour transformer ou réparer, la main « archaïque » touche, palpe et malaxe. Le travail de l’ostéopathe rassemble les deux mains « primitive » par le toucher intuitif – et » évoluée » en transformant la main en un instrument de réparation capable de faire bouger finement une vertèbre pour la libérer . L’ostéopathe un chirurgien sans scalpel, cela sous entend une efficacité dans le soin et une grande précision dans l’acte effectué, qui ne peut pas être acquise autrement que par la répétition du geste, la manipulation inlassablement remise sur le métier, une condition essentielle pour se prétendre ostéopathe, mais pas suffisante, pourquoi ? – A.Still le père de l’ostéopathie, médecin de son état, frustré de ne pouvoir guérir ses patients (1874) invente une méthode dont les fondements sont : le corps a en lui tout ce qui faut pour lutter contre les agressions de la maladie, mais lorsque l’intégrité de cet organisme est perturbée par une atteinte de l’appareil musculo-articulaire cela provoque une faille dans les possibilités de défense, car l’apport sanguin est diminué dans la région concernée. Une place tout à fait remarquable est faite au rachis, en effet c’est à ce niveau que les perturbations sont les plus fréquentes et peuvent avoir le plus de retentissement _. Et l’histoire continue les kinésithérapeutes en mal d’efficacité dans leurs pratiques, vont pour une partie d’entre eux se tourner vers l’ostéopathie et ainsi satisfaire le désir légitime de soulager leurs patients plus efficacement. Ce qui le font sont animés par la curiosité, l’esprit de recherche, qualités indispensables pour exercer ce métier. Historiquement, les médecins et les ostéopathes se sont scindés conservant ainsi leurs indépendances et leurs particularités, les kinésithérapeutes et les nouveaux ostéopathes vont prendre le même chemin, cultivant leurs différences dans le soin, ils pourront devenir enfin complémentaire pour soigner leurs patients. – «  Je vais voir un ostéopathe, il corrige mes dysfonctions articulaires, mes douleurs s’atténues, il me conseille de prendre rendez-vous avec un kinésithérapeute, celui-ci fait avec moi un bilan de la souplesse de mes muscles et me donne des exercices adaptés »- Nous voilà dans le meilleur des mondes, celui que l’on peut raisonnablement espérer si tous les praticiens de santé s’accordent sur leurs complémentarité.

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