La mémoire du futur

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L ‘ostéopathie est une pratique qui n’échappe pas à l’intuition pour s’exercer efficacement. Comme si le mot dont la définition latine est de regarder attentivement, avait été inventé en pensant à notre pratique. Cette action de deviner avant de démontrer est souvent le point de départ de tout traitement. Un instinct qui va se densifier lors du déroulement de la séance et nous permettre de voir plus clair.

Tout a bien commencé par une intuition, lorsque A. Still a eu l’idée de manipuler une vertèbre pour guérir un patient. Ensuite, la théorie faite d’empirisme et de savoir médical est venue la conforter. Cette inspiration n’est par arrivé par hasard, elle s’est nourrie de connaissance anatomique poussée et d’une observation sans faille des malades de A. Still .
Il ne faut pas penser que derrière le terme intuition, il y a une faculté supra-intellectuelle, l’intuition est un effort qui consiste à se débarrasser du superflu pour aller à l’essentiel, les philosophes (Bergson ) parlent d’expérience pure. Ce mode de connaissance directe est bien utile pour nous ostéopathe, car il nous permet de voir ce que les autres ne voient pas ou plutôt ne veulent pas voir. 
Le raisonnement ostéopathique regarde l’individu dans sa globalité et ce qui se cache deviendra visible pour nos mains. Cette interrogation singulière sera guidée par l’intuition que ce que l’on ressent dans nos doigts est l’évidence à traiter pour soulager le patient.
Bien sûr ce processus est comme le dit Bergson le résultat d’un raisonnement et d’une mémoire remplie des expériences accumulées, une sorte de synthèse parfaite. Un trait d’union entre chercher et trouver. Cette capacité à saisir la réalité se réalise lentement avec le temps et la multiplication des cas traités.
Pour l’illustrer l’expérience des cliniques organisées par les écoles d’ostéopathies pour former les élevés, est intéressante. Ils reçoivent et traitent des patients supervisés par un formateur. Il en ressort souvent que l’examen est bien conduit, illustré par la fabrique de chaînes lésionnelles qui est très appréciées dans les écoles. Ces chaînes lésionnelles seraient la représentation d’une situation bien comprise, sorte de lien entre les différents signes cliniques et les symptômes. Mais l’essentiel est souvent absent, un traitement simple direct au plus prés de la réalité lésionnelle du patient, les connaissances sont là mais il manque l’expérience de ce moment unique entre un patient et son thérapeute où il faut à la fois faire appel à l’acquis des connaissances et au flair développé. L’intuition fait défaut aux étudiants car elle n’a pas eu le temps de se déployer.

Pour autant faut-il se méfier de son intuition? Peut-elle être source d’erreur ? A en croire les psychanalystes oui, Freud considère l’intuition à interpréter plutôt qu’à y consentir. Il est très critique sur l’intuition qu’il met au rang des illusions. Toutefois son génie d’avoir imaginé l’inconscient vient aussi de son intuition même si celle ci a été par la suite vérifier par une démarche scientifique.
En médecine, dans notre pratique ostéopathique, l’intuition que l’on a d’un diagnostic, d’un traitement est toujours étayé par des signes cliniques, des bilans radiologiques, des test de mobilité, un travail d’anammése complet, tout l’arsenal que l’on doit déployer pour traiter, soulager, soigner un malade.

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